Il n’a jamais cessé de se battre. Il a porté les marques de l’ignominie franquiste sur sa propre peau et a essayé, par tous les moyens, de faire en sorte que nous n’oubliions jamais ce qui s’est passé en Espagne. L’activiste et homme politique José María Chato Galante est mort des suites du coronavirus, selon son propre compte sur le réseau social Twitter.
« Malheureusement, Chato Galante est décédé. Tous ses compagnons sont dévastés, mais nous continuerons son combat. Il était incontournable. « Son travail n’a pas été vain, peut-on lire dans le tweet posté sur son compte” ».
En 2018, Chato a porté plainte pour crime contre l’humanité contre Billy el Niño, son tortionnaire. On peut retrouver son témoignage dans le documentaire El silencio de los otros d’Almudena Carrecedo et Robert Bahar. Chato Galante (Madrid, 1948) a été prisonnier de la dictature et est passé à quatre reprises dans la sinistre direction générale de la sécurité de Madrid. Il a lutté contre l’oubli et a pourchassé inlassablement ceux qui ont perpétré ces crimes. Il a été membre de l’association des prisonniers et des personnes réprimées de la dictature franquiste La Comuna, et a appartenu à la Ligue communiste révolutionnaire lorsqu’il a été arrêté et torturé à plusieurs reprises entre 1969 et 1973. Chato Galante a consacré ses efforts et son engagement indéfectible pour la justice par l’intermédiaire de La Comuna, avec laquelle il a réussi à rassembler plus de 50 plaintes contre les crimes du franquisme sur lesquels enquêtait la juge argentine María Servini, dans le cadre de la Querella argentina. Nous reproduisons ici le témoignage de notre compagne Charo Arroyo, la coordinatrice du groupe Memoria libertaria de la CGT espagnole :
« J’ai rencontré Chato en 2012, lorsque nous nous sommes retrouvés dans le pétrin, lors du procès en Argentine. La vérité est qu’au début, nous n’avions pas beaucoup d’accords. Mais, au fil des mois, les rencontres ont été nombreuses, nous avons appris à nous connaître. Ce duo formé par Carlos Slepoy (l’avocat de la Querella argentina) et Chato ressemblait à un train à grande vitesse très résistant. Grâce à l’impulsion qu’ils ont donnée au processus (sans diminuer le rôle des personnes qui luttèrent à leurs côtés), l’apport de Chato a été fondamental. Aujourd’hui, je me sens comme une orpheline. Aujourd’hui, je ressens le vide que je ressentais déjà il y a quelques mois lorsqu’une nouvelle alerte a ralenti tes activités, Chato. Pourtant, tu continuais à tirer la charrette à bras avec ton habituelle bonne humeur. Combien de bons souvenirs, avec toi et Justa, j’ai mis dans mon sac à dos ? Ces jours passés à Ruesta (le village restauré par la CGT en Aragon). Je me souviens que tu aimais l’école et que tu aimais le village. Bien sûr, un écologiste comme toi ne pouvait que l’aimer. Je n’arrive pas à m’exprimer clairement, les mots s’accumulent dans ma tête. Mais je tiens à te dire qu’avec toi je me suis sentie aimée et reconnue, que j’ai senti que tu m’appréciais pour ce que je représente dans le mouvement de récupération de la mémoire et la recherche de la justice : la CGT. Je me sens seulement consolée par le fait que dans les limbes où tu vas voyager, une fois ton séjour ici-bas terminé, tu vas rencontrer des gens si bons et si proches de ta façon d’être, et vous allez passer un bon moment. Salue Carly, Eladio et Cristina. De la part de Charo, dis-leur que nous allons parvenir à faire la Révolution.
Hasta siempre compañero »