Centenaire de la mort de Salvador Seguí

mardi 14 mars 2023, par Pascual

El noi del sucre (Le garçon du sucre)

Salvador Seguí Rubinat (Tornabous, 23 décembre 1886 - Barcelone, 10 mars 1923), connu sous le nom de El noi del sucre (Le garçon du sucre), fut l’une des figures les plus marquantes de l’anarcho-syndicalisme en Espagne au début du XXe siècle. Il a cherché à donner un nouvel élan à la lutte prolétarienne sans oublier l’essence de son idéologie anarchiste.

Salvador Seguí

Il a suivi une formation de peintre, profession qu’il a toujours exercée et qui lui a permis de gagner sa vie. Dès son plus jeune âge, il s’intéresse à la politique et aux idées libertaires ; adepte de l’École moderne de Francisco Ferrer Guardia et de divers auteurs tels que Sorel, Kropotkin, Reclus et Cornelissen, sa formation autodidacte le met également en contact avec des personnalités culturelles et politiques de l’époque, ainsi qu’avec des membres et des participants de l’Ateneu Enciclopèdic Popular, tels que Francesc Layret.

L’éducation comme arme

Il encourage la formation et l’éducation des classes ouvrières par le biais des syndicats comme arme révolutionnaire : la préparation intellectuelle, culturelle et technique des travailleurs.

Il fut président de l’Ateneo Sindicalista de la rue de Ponent à Barcelone, où il fonda et organisa sa bibliothèque en 1915, un lieu qui prit les fonctions d’un centre supérieur d’études syndicalistes et anarchistes.

Il est à l’origine de la création de Solidaridad Obrera, dont il fait partie du conseil d’administration (en tant que membre) pendant un certain temps. En 1916, il entame des négociations en vue d’un pacte d’unité d’action entre la CNT et l’UGT en tant que front uni du mouvement ouvrier espagnol, qui débouche dans un premier temps sur une grève générale de 24 heures pour protester contre l’augmentation du prix des denrées alimentaires et se poursuit par une grève générale illimitée en 1917, appelant le gouvernement espagnol à créer un système garantissant à la population le développement d’activités émancipatrices et des conditions minimales de qualité de vie.

Élu secrétaire général de la CNT de Catalogne lors du congrès régional de Sants en 1918, il propose que les enseignants rationalistes puissent intervenir dans les aspects de l’action syndicale « à condition qu’ils soient organisés de manière corporative » ; soutenue par la totalité des délégués en sa faveur, cette proposition est adoptée sous forme de résolution.

L’arrestation de Salvador Seguí

Lors de congrès ultérieurs, il s’opposa, avec Ángel Pestaña et Juan Peiró, à des actions plus radicales menées par d’autres membres de la CNT. Il convient de mentionner le congrès tenu au Théatre de la Comedia (Madrid) ou le plénum régional de Saragosse au cours duquel ils ont présenté la proposition de retrait de la CNT de la Troisième Internationale.

Il est arrêté à plusieurs reprises en raison de son activité anarcho-syndicaliste. Pendant la grève de La Canadiense, il est emprisonné, mais il est libéré le jour même de l’arrêt de la grève et peut démontrer ses grandes qualités oratoires lors de l’assemblée organisée par le comité de grève aux Arènes, à Barcelone, pour rendre compte des accords conclus avec le gouvernement. En novembre 1920, il est déporté à la forteresse de La Mola de Minorque avec Lluís Companys, le syndicaliste Martí Barrera et jusqu’à trente-six autres personnes.

L’assassinat del Noi del Sucre et de Perones

Le 10 mars 1923, au plus fort de ses efforts pour promouvoir auprès des travailleurs l’idée de l’émancipation comme moteur de la société existante, il est abattu à l’angle des rues Cadena et Sant Rafael, dans le quartier du Raval de Barcelone, par des exécuteurs du Sindicato Libre du syndicat patronal catalan, protégés par le gouverneur civil de Barcelone Martínez Anido, regroupés dans la Lliga Regionalista (ligue régionaliste). Dans le même épisode, ils blessent grièvement un autre anarcho-syndicaliste, Francisco Comes, dit « Perones », qui meurt quelques jours plus tard.

Il a reçu plusieurs hommages après sa mort, comme celui de la Fondation Salvador Seguí. Il est enterré au cimetière de Montjuïc à Barcelone.


À l’occasion du centenaire de la mort de Salvador Seguí, la CGT, la Confédération générale du travail espagnole, a publié une brochure extrêmement instructive sur El noi del sucre. Vous pouvez la télécharger ici :