À la mémoire de Francesc Ferrer I Guàrdia

jeudi 15 décembre 2022, par Pascual

À la mémoire de notre professeur bien-aimé, Francesc Ferrer I Guàrdia

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Le 14 janvier 1859 est né à Alella, le pédagogue catalan et l’anarchiste catalan Francesc Ferrer I Guàrdia et le 13 octobre 1909, il y a 113 ans, à l’âge de cinquante ans, il fut exécuté à Montjuïc, par ses ennemis, les réactionnaires, l’Église et les capitalistes de l’époque, un innocent victime du fanatisme de l’autoritarisme.

Le projet fondamental de la vie Francesc Ferrer I Guàrdia est l’École moderne, ouverte à Barcelone, sur la rue Bailèn Street, au numéro 56, à partir de 1901. Un enseignement inspiré par la pensée libre sera donné par la pratique de la coéducation des sexes et des classes sociales, par l’insistance sur la nécessité de l’hygiène personnelle et sociale, le rejet des examens de chaque système de récompenses et de punitions, l’ouverture de l’école à la dynamique de la vie sociale et professionnelle, et avec l’organisation des activités de découverte dans un environnement naturel. Les enfants auront une liberté inhabituelle, feront des jeux et des exercices en plein air, et l’un des axes d’apprentissage sera leur propre écriture et commentaires sur ces expériences.

Une rupture vraiment révolutionnaire avec les méthodes traditionnelles. L’école moderne organisera des conférences du dimanche, comprises comme une extension éducative pour les familles, avec le soutien et l’intervention de personnages au prestige scientifique universel et reconnu.

La sensibilité pédagogique sera liée à l’idéal d’émancipation du genre humain, typique des courants libertaires dérivés de l’engagement politique de Francesc Ferrer I Guàrdia. Ce sera un exemple retentissant de la relation étroite que la pensée anarchiste aura avec l’horizon de l’enseignement renouvelé, considéré comme le moyen fondamental d’accéder à la libération de l’individu à partir de n’importe quel sujet.

Le procès de 1909 et le meurtre de Ferrer I Guàrdia a été un montage du pouvoir répressif, car il a été accusé d’avoir incité les événements de la Semaine tragique de juillet 1909. Il a été abattu à Montjuïc, sans aucune preuve, condamné par un tribunal militaire, le 13 octobre 1909. L’écho international de cette exécution injuste s’est manifesté dans une série d’événements de protestation civique, à travers l’Europe et le monde, dirigés par des personnes de toutes les sensibilités humanistes et progressistes, qui, en tant que témoins symboliques, se sont réunis pour la construction d’un monument érigé à Bruxelles en 1911, pour eux Ferrer Ferrer I Guàrdia est un martyr de la liberté de pensée. Au pied de ce monument, son message est enregistré :

« L’enseignement rationaliste peut et doit tout discuter, placer les enfants à à avancer sur le chemin large et direct de la recherche personnelle. »

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Se souvenir de Ferrer et de ses idées de base :

« Nous voulons des gens capablent de détruire, de rénover sans cesse les moyens et de se rénover eux-même ; des personnes dont l’indépendance intellectuelle est la plus grande force, qui ne seront jamais prisonniers de qui que ce soit... aspirant à vivre plusieurs vies dans une seule vie ».

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Salut

Joan Pinyana Morneneo, octobre 2022


Un livre a été publié sur Francesc Ferrer I Guàrdia aux éditions de l’Atelier libertaire de Lyon (ACL) :

Francisco Ferrer, une éducation libertaire en héritage suivi de l’École moderne de Francisco Ferrer

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Redécouvrir Francisco Ferrer, l’anarchiste, le pédagogue, le franc-maçon et le rationaliste du début du XXe siècle n’est pas faire œuvre de commémoration pour le « martyr » de la libre pensée, mais replacer sa réflexion et son action dans son contexte.

Nous avons exploré l’itinéraire de Francisco Ferrer dans ses tâtonnements et dans sa complexité, au croisement de plusieurs histoires : celle de l’anarchisme, de l’éducation libertaire mais aussi de l’éducation nouvelle. En effet, cet anarchiste « éducationniste » s’engage dans l’élaboration d’un projet éducatif global, dans la lignée de celui de Paul Robin, mais avec ses propres convictions et sans limiter son action à la création d’une école rationaliste. Son ouvrage l’École moderne, traduit ici en français dans son intégralité, éclaire de façon nouvelle sa volonté de ne pas se replier sur une dénonciation de l’école traditionnelle et de l’éducation coexercitive mais d’innover pédagogiquement. Son combat pour la transformation de la société par l’éducation, de faire de l’apprenant un être émancipé, libre de penser et d’agir, reste un idéal et un défi particulièrement d’actualité.

Sylvain Wagnon est agrégé, docteur en Histoire et enseignant-chercheur à l’Université de Montpellier 2. Ses travaux portent actuellement sur l’histoire de l’éducation nouvelle et libertaire ainsi que sur l’histoire des pratiques pédagogiques alternatives.

Ce livre est suivi d’une nouvelle traduction par Verónica Bouzas González du texte de Francisco Ferrer l’École moderne.

2013, 288 pages, 18 euros