Elles sont 1195 combattantes a avoir été recensées lors du travail de recherche de Gonzalo Berger et Tània Balló pour leur projet : « Dones en guerra » qui finalement est devenu en catalan Les combattents sorti en 2021 que Mariana Sanchez, Armand Creus et Salvador Duran ont traduit du catalan un an plus tard. Parmi tant d’autres femmes qui émergeront des futures recherches….
D’où venaient-elles ? Des rangs anarcho-syndicalistes, de l’UGT, du POUM, du PSUC, de l’ERC. De la campagne, des villes, des milieux populaires, parfois de la bourgeoisie républicaine laïque.
De Valladolid, Mieres, Barcelone, Pays Basque, Murcie, mais aussi de pays étrangers Grande- Bretagne, Hongrie, Allemagne, France, Etats-Unis.
Non, elles ne se contentèrent point d’avoir un rôle subalterne à l’arrière du front, mais s’engagèrent résolument dans la lutte armée contre la sédition fasciste et aux premiers rangs. Si dans les discours tenus dans les milieux libertaires, il était question d’amour libre, de naturisme, d’égalité, la réalité militante était beaucoup moins « rose ». Elles s’imposèrent et restèrent au combat tout au long de la lutte contrairement à une rumeur qui fait état d’un décret les retirant du front. Ce décret n’a jamais existé. L’une d’elles fut la première femme, maire d’une commune en Espagne, rappelons qu’en octobre 1931 les Cortes constituantes de la république espagnole établirent le droit de vote des femmes bien avant la France (1944).
Cette mobilisation est le reflet des cinquante années d’effervescence révolutionnaire parmi les peuples ibériques, une lutte des classes qui a abouti à cette situation intenable pour le capital.
Parmi l’une des histoires contées dans ce livre, l’une me concerne directement, car elle a touché la fiancée d’alors de mon père : Pepita. Je connaissais l’histoire. Mais en 2019, j’ai été contacté par le petit-fils du petit frère de cette fiancée. Ce grand-père avait en 1936, 14 ans et sa sœur, la combattante était âgée de dix-sept ans. Il évoquait souvent sa grande sœur à son petit-fils Ramón. Celui-là même qui me contacta, bien après la mort de son aïeul Pedro en 2015.
Hélios Lopez
Gonzalo Berger (Barcelone, 1977) est docteur en histoire et enseignant à l’université. Il est l’auteur de plusieurs livres et travaux de recherche, notamment sur les femmes dans la guerre ; il a aussi une expérience dans le domaine culturel, produit des documentaires et organise des expositions et des espaces de mémoire.
Tània Balló (Barcelone, 1977) est l’autrice de plusieurs livres : Las Sinsombrero (2016) ; Querido Diario : hoy ha empezado la guerra (avec G. Berger) (2018) ; Ocultas e impecables (2018). Elle a aussi travaillé comme productrice et directrice de cinéma et de télévision.
Les combattantes de Tània Balló et Gonzalo Berger, éditions Syllepse, 2022, 300 pages, 25 euros