Nous ne voulons aucune guerre ! Déclaration de la CGT espagnole

lundi 15 avril 2024, par Pascual

Nous ne voulons aucune guerre !

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Le 5 juillet dernier, le Conseil des ministres du gouvernement socialiste espagnol a approuvé un crédit extraordinaire pour augmenter le budget de la défense d’un milliard d’euros.
Cette décision a été prise une semaine après un sommet de l’OTAN, au cours duquel des accords ont été adoptés en vue d’augmenter le budget alloué à la guerre par les gouvernements des pays membres. Et la première mesure du gouvernement espagnol a été l’augmentation du budget destiné à l’armement. Cette augmentation des dépenses de défense a non seulement un impact important sur les fonds publics, mais elle signifie aussi que le gouvernement espagnol s’engage clairement dans la guerre au lieu de rechercher la paix, et qu’il cède à des pays comme les États-Unis, dont on connaît les intérêts économiques et géostratégiques qui sous-tendent chaque guerre.
Avec cette position, le gouvernement de Pedro Sánchez ignore une grande majorité des citoyens espagnols qui sont contre les guerres, contre l’OTAN et contre l’utilisation de l’argent public pour des dépenses militaires. C’est ce qu’ont montré les nombreuses manifestations organisées dans différentes villes espagnoles. S’aligner sur les seigneurs de la guerre signifie plus de pauvreté pour les classes laborieuses et plus de destruction.
Nous reproduisons ci-dessous la récente déclaration de nos compagnons anarcho-syndicalistes du Comité confédéral de la Confédération générale du travail espagnole (CGT).

Daniel Pinós

Ces dernières semaines, face aux échecs militaires du camp ukrainien, nous avons vu les dirigeants de l’OTAN et de l’Union européenne adopter un ton plus belliqueux, augmentant ainsi le danger d’une escalade qui entraînerait des risques extrêmement graves pour les citoyens de notre État.
Les déclarations de Margarita Robles, ministre espagnole de la Guerre, dans lesquelles elle a affirmé que « nous sommes en guerre avec la Russie », assurant que l’Espagne continuera à envoyer toute l’aide militaire nécessaire, ou les déclarations d’Emmanuel Macron, président du gouvernement français, insinuant que si la Russie continue d’avancer sur le front, il enverra des troupes régulières de l’armée française, sont très dangereuses.
Il est également inquiétant qu’au milieu de cette situation de guerre critique, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez rencontre les principales entreprises d’armement, qui profitent du génocide en Palestine ou de la guerre en Ukraine pour faire des affaires, en affichant publiquement leur soutien et en donnant raison à leur activité.
La rhétorique utilisée par ces dirigeants irresponsables n’est pas spontanée, mais pré-orchestrée et vise à mesurer le degré d’acceptation de la société européenne en cas de confrontation directe de l’OTAN avec la Russie. Les conséquences d’une escalade militaire seront catastrophiques : enrôlement forcé de la population civile, utilisation probable d’armes nucléaires, des millions de morts et un avenir incertain pour les générations futures.
Cette stratégie de communication est utilisée depuis 2022, lorsque les pays de l’OTAN ont commencé à envoyer des armes pour soutenir l’Ukraine dans le conflit. Ils nous ont d’abord dit qu’ils n’enverraient pas d’armes létales, puis ils ont dit qu’ils n’enverraient que des armes défensives, puis ils ont envoyé des chars et des avions de chasse... Maintenant, il ne manque plus que les troupes sur le terrain !
Il ne s’agit pas de discerner s’il s’agit d’une guerre juste ou non, aucun d’entre elles ne l’est. Ils veulent diaboliser un camp et béatifier l’autre, comme si les acteurs impliqués dans ce conflit n’avaient aucune responsabilité. Ils n’ont pas consulté la population pour nous impliquer dans ce conflit et ils ne nous consulteront ni pour envoyer des troupes, ni pour déclarer l’état de siège, ni pour recruter des personnes à envoyer à l’abattoir.
La situation devient encore plus dantesque lorsque ces mêmes personnes et institutions, qui se permettent de donner des leçons, sont celles qui ont bombardé illégalement la ville de Belgrade, celles qui ont assassiné plus d’un million d’Irakiens et qui permettent d’autres guerres dans le monde, comme le génocide palestinien, le conflit au Yémen ou en République démocratique du Congo, avec des millions de personnes déplacées de force et tuées, générées principalement par des groupes armés financés par l’Occident pour continuer à contrôler l’exploitation du coltan et d’autres ressources dont ont besoin les entreprises transnationales.

C’est pourquoi nous devons faire savoir au gouvernement espagnol que nous ne voulons pas de guerre, que nous ne fournirons pas les morts et que nous ne voulons pas subir les conséquences de ses illusions, que nous ne sacrifierons pas notre jeunesse en combattant dans une guerre impossible au service d’intérêts étrangers. La guerre en Ukraine n’est pas une guerre conventionnelle, c’est une guerre mondiale subsidiaire où meurent des Ukrainiens et des Russes, mais aussi où se joue l’avenir de l’ordre mondial.
Nous ne pouvons pas non plus oublier ce qui se passe en Palestine où le gouvernement israélien commet un génocide dont les victimes se comptent déjà par dizaines de milliers, dont beaucoup d’enfants, alors que nous voyons comment les différents gouvernements occidentaux font de tièdes déclarations de condamnation bien loin de la position énergique qu’ils adoptent sur la guerre en Ukraine, montrant clairement que pour eux il y a des victimes de première et de deuxième classe.
La CGT ne veut pas de guerres, nulle part dans le monde, en aucune circonstance, la CGT veut la paix entre les peuples, entre les classes ouvrières des différents pays, et veut la dissolution de l’OTAN et la fin de toutes les guerres. Nous exigeons de nos gouvernements un virage à 180 degrés dans ces politiques qui nous mènent à l’abîme, et de la même manière, nous exigeons que le gouvernement cesse de soutenir publiquement et économiquement les entreprises d’armement, en pariant sur une reconversion industrielle de ce secteur.

NON À L’OTAN, LES BASES MILITAIRES DEHORS

Secrétariat permanent du Comité confédéral de la CGT