Plus de 200 personnes commémorent le centenaire de la mort de Salvador Seguí

mardi 14 mars 2023, par Pascual

Il a été tué un jour comme aujourd’hui, il y a cent ans. Si dans la vie il était un « géant », dans la mort il est devenu une référence. Salvador Seguí, connu sous le nom de El Noi del Sucre, est mort le 10 mars 1923, abattu à l’angle des rues Cadena et Sant Rafael, dans le quartier du Raval à Barcelone, par des hommes armés engagés par les patrons pour faire taire l’action syndicale.

Salvador Seguí avait promu et signé l’accord de la grève de La Canadiense (1919), qui apportait des améliorations pour l’ensemble de la classe ouvrière dont la journée de travail de 40 heures, qui est restée en vigueur pendant un siècle. L’Espagne a été le deuxième pays à adopter la journée de huit heures, après l’Union soviétique.

Plus de 200 personnes ont participé à la commémoration, arrivées en deux bus et par leurs propres moyens.
Plus de 200 personnes se sont réunies ce matin au cimetière de Montjuïc (Barcelone) pour rendre hommage à l’ancien secrétaire général de la CNT. La Fondation Seguí et la CGT ont organisé la commémoration, à laquelle ont participé plusieurs syndicats. Le coordinateur de la Mémoire libertaire de la CGT, Joan Pinyana, a rappelé que la disparition de Seguí représente « beaucoup d’autres victimes » et que son combat « est plus vivant que jamais ». « Aujourd’hui comme hier, l’ennemi de la Catalogne et de Madrid est le même : le capitalisme », a-t-il averti.

Représentant la CNT, la présidente de la Fondation Anselmo Lorenzo, Sonia Turón, a qualifié El Noi del Sucre de « l’un des géants de l’anarcho-syndicalisme, de l’anarchisme et du cénétisme ». Avec eux, « avec leur bon sens, leurs luttes et leur désir de rechercher un monde meilleur pour les travailleurs et les travailleuses, la CNT est devenue ce qu’elle était ; ils avaient l’anarcho-syndicalisme dans leur ADN ». Turón a également justifié la figure de sa collègue Teresita Montaner et celle de toutes les collègues féminines des syndicalistes : « Sans elles, leur travail aurait été impossible ». Ce sont elles « qui ont tissé un réseau extérieur, elles les ont fait sortir de prison, elles étaient là ».

Lola Flores s’est exprimée au nom de la Confederation syndicale Solidaridad Obrera et a souligné que « Seguí a posé l’une des premières pierres pour pouvoir marcher là où nous marchons ». Marta Carballo, au nom de la Fédération locale de la CGT de Barcelone, a rappelé que la constitution de la CNT date de 1910 et que Seguí a prononcé son premier discours alors qu’il était un jeune homme de 18 ans. Il a conclu son intervention sans vouloir oublier que El Noi de Sucre avait déjà fait l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat, que ses assassins n’ont jamais été arrêtés et que la ville est sortie dans la rue pour saluer le corps de Paronas, l’autre camarade assassiné ce jour-là, lors d’une manifestation qui a rassemblé 200 000 personnes en hommage aux deux anarcho-syndicalistes.

Iru Moner, au nom de la CGT Catalane, a souligné le bon travail de Seguí pour gagner la grève de La Canadiense et que son action est « plus proche que jamais » en tant qu’exemple et motivation pour organiser la classe ouvrière. « Les années de Seguí sont plus proches de celles d’aujourd’hui que de celles de la révolution de 1936 », a-t-il déclaré.

Emili Cortavitarte, président de la Fondation Salvador Seguí, a conclu en disant que El Noi del Sucre avait été « assassiné de façon ignoble, comme des centaines de cénétistes dans ces années-là, dont beaucoup sont également enterrés à Montjuïc, « pour le simple fait de vouloir de meilleures conditions de travail ».

Emili Cortavitarte, président de la Fondation Salvador Seguí

Un étage en dessous de la niche de Seguí se trouvent celles de Buenaventura Durruti, Anselmo Lorenzo, Francisco Ascaso et Ferrer y Guardia. Dans ce cimetière se trouve le Fossar de la Pedrera, une zone qui a servi de fosse commune à plus de 4 000 victimes de la répression franquiste.

La Fondation Salvador Seguí, de la CGT, a organisé l’événement.

Gessamí Forner  
Article publié sur le site d’information El Salto Diario  :
https://www.elsaltodiario.com

Photos de Marc Javierre-Kohan