L’association pour la récupération de la mémoire historique lance un appel au gouvernement socialiste pour qu’il cesse d’empêcher que les crimes de la dictature franquiste soient jugés et investigués.
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Le gouvernement espagnol est le seul au monde à utiliser des subventions comme réponse à des crimes qui, comme le souligne l’ONU, « sont bien plus qu’une violation des droits humains ». L’État, avec à sa tête le socialiste Pedro Sanchez, ne respecte pas la convention contre les disparitions forcées, ratifiée par l’Espagne, chaque fois qu’il ne juge pas ces crimes, ne les condamne pas pénalement et n’indemnise pas les victimes.
Depuis 2011, l’ONU commémore le 30 août comme la Journée internationale des victimes de disparitions forcées, rappelant aux gouvernements leurs obligations face à des crimes que les Nations unies qualifient de « bien plus qu’une violation des droits humains », exprimant leur « inquiétude face à l’impunité généralisée concernant ces crimes ».
Dans le cas de l’Espagne, qui a ratifié la Convention contre la disparition forcée et involontaire en septembre 2009, aucun des responsables des milliers d’assassinats et disparitions de civils commis par les miliciens phalangistes et les forces de sécurité de la dictature à partir du 18 juillet 1936 n’a jamais été jugé.
Pour Emilio Silva, président de l’ARMH (Association pour la récupération de la mémoire historique) et petit-fils de la première personne disparue sous la répression franquiste à avoir été identifiée génétiquement, « l’hommage le plus indispensable dans une démocratie aux victimes de disparitions forcées est l’enquête judiciaire sur les crimes, la condamnation des auteurs et l’indemnisation des familles ». Quant aux politiques du gouvernement, il ajoute : « Nous sommes le seul pays au monde à avoir des milliers de personnes assassinées et disparues et à tenter de régler cela à coups de subventions.
Fernando Martínez, le Secrétariat d’État à la Mémoire démocratique ne fait que parler de subventions, mais il ne dit rien des assassins de ces milliers de civils, ni de la manière dont ces crimes ont été commis, ni de la façon dont ils en ont profité. »
Lorsque l’ONU définit la disparition forcée, elle décrit ce que les putschistes de 1936 ont fait, en expliquant qu’il s’agit de « l’arrestation, la détention ou le déplacement de personnes contre leur volonté, ou leur privation de liberté de quelque manière que ce soit par des agents gouvernementaux de tout secteur ou niveau, par des groupes organisés ou par des particuliers agissant au nom du gouvernement ou avec son soutien direct ou indirect, son autorisation ou son assentiment, et que par la suite, ces personnes sont soustraites à la protection de la loi en refusant de révéler leur sort ou leur localisation, ou de reconnaître qu’elles sont privées de liberté ».
L’ONU utilise cette date pour sensibiliser les sociétés à la gravité des disparitions forcées et rappeler qu’il s’agit de crimes permanents, car ils se poursuivent tant que les disparus ne sont pas retrouvés. « En Espagne – explique Silva – les représentants du gouvernement répètent sans cesse les mots vérité, justice et réparation, mais ils ne font rien pour que les faits soient jugés, pour informer la société des crimes commis et des criminels, ni pour indemniser les familles ». Il conclut : « Les droits humains ne sont pas subventionnés, ils sont garantis, car les politiques de subventions créent du clientélisme électoral ; comme il ne s’agit pas d’un droit, on dit à la société et aux victimes en particulier que si je gouverne, il y aura des subventions, et si je ne gouverne pas, il n’y en aura pas. Et nous n’avons jamais vu que la justice ou la réparation pour une victime du terrorisme dépende du résultat des élections. »
Daniel Pinós