La police espagnole va utiliser des matraques en acier

mardi 7 décembre 2021, par Pascual

Innovation technologique en Espagne. La police va utiliser des matraques extensibles en acier

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Alors qu’une vague de grèves, sans précédent depuis 20 ans, touche plusieurs entreprises, le gouvernement socialiste « le plus progressiste de l’histoire » selon Pedro Sánchez, se montre soucieux d’améliorer les conditions de travail de sa police. Les nouvelles matraques ont coûté deux millions d’euros au ministère de l’Intérieur.

Face à la montée des luttes sociales, la Direction générale de la police a donné des instructions pour commencer à distribuer à ses agents les nouvelles « matraques de police extensibles » en acier, qui remplaceront les défenses semi-rigides traditionnelles qu’ils portent actuellement. Le ministère de l’Intérieur a investi 2 millions d’euros dans l’acquisition de 25 539 de ces défenses (environ 80 euros pièce), destinées principalement aux policiers affectés aux Unités de sécurité citoyenne et d’intervention de la police (dite, police anti-émeute).


2021. La police en action sous un gouvernement socialiste

L’instruction intervient en pleine protestation policière et alors que la loi Mordaza, la loi sur la sécurité des citoyens, connue sous le nom de « loi bâillon » est toujours en vigueur. Les policiers, qui ont manifesté à Madrid samedi dernier, considèrent qu’il faut améliorer l’utilisation des équipements anti-émeutes pour faire face aux manifestations violentes.

Les nouvelles défenses de la police – une demande de longue date des syndicats de police – consistent en une structure principale fabriquée « avec de l’acier ou un alliage de la plus haute qualité » qui passe de 26 centimètres lorsqu’elle est pliée à plus d’un demi-mètre dans sa longueur totale, selon la documentation technique incluse dans les deux appels d’offres lancés par l’Intérieur pour leur acquisition. Il ne pèse pas plus de 610 grammes. « Il s’agit d’un élément de portabilité facile qui accompagne toujours le policier, discret compte tenu de sa petite taille, doté d’un effet psychologique dissuasif en raison de son effet bruyant lorsqu’il est déployé et valable comme instrument de sauvetage en raison de sa dureté pour être utilisé comme levier », soulignent ces documents. Ils ont justifié cet achat par le fait qu’il « permet d’éviter l’utilisation de moyens plus nuisibles, en obtenant une plus grande opérabilité et efficacité dans l’exécution des différents services ».

Soucieuse du bien-être des manifestants, la direction générale de la police a également élaboré un protocole spécifique sur son utilisation – le premier pour ce type de défense – qui précise que, en cas de frappe d’une personne avec la matraque extensible, l’agent doit éviter de le faire verticalement « de haut en bas », ainsi que de le faire « en aucun cas à « la tête, le cou, la clavicule ou la colonne vertébrale ». Elle interdit également son utilisation dans les « techniques de strangulation ».


1976. La police en action sous un gouvernement fasciste

Rédigé par les grands humanistes que sont les dirigeants d’une police héritée du franquisme, le protocole ajoute que ces moyens de défense ne seront utilisés que pour « réduire, immobiliser ou détenir » les personnes qui font preuve d’une « résistance active mettant en danger les agents ou des tiers », qui peuvent agir violemment ou ont agi violemment, qui menacent avec un couteau ou un autre objet dangereux ou qui sont sur le point de mettre leur vie en danger. Et toujours après avoir « épuisé toutes les voies précédentes de dialogue, de négociation et de médiation ». En revanche, elle interdit leur utilisation « pour les femmes enceintes ou les mineurs [jusqu’à 18 ans] lorsque cet état est perceptible », ainsi que « chez les personnes âgées ou en mauvaise santé ».
Avec la grève des métallurgistes de Cadix comme épicentre de la lutte des classes, des dizaines de conflits syndicaux s’étendent aux quatre coins de l’État espagnol, malgré la passivité des bureaucraties syndicales. Pendant ce temps, le gouvernement « progressiste » continue d’envoyer la police et les chars pour réprimer les grévistes.
Nul doute que les manifestants se sentiront rassurés de voir la police espagnole faire usage de ces nouvelles armes anti-émeutes dans un esprit de « dialogue, de négociation et de médiation ».

Daniel Pinós