Tempête politico-médiatique pour le PP et Pablo Casado

samedi 5 mars 2022, par Pascual

Poussé vers la sortie par son propre parti, le président du Parti populaire (droite) espagnol, Pablo Casado, a décidé mercredi soir de ne pas se présenter à un prochain congrès extraordinaire de sa formation qui choisira son successeur début avril.

.

Ce feuilleton de la droite espagnole s’inscrit dans le cadre des batailles fratricides du style de la guerre Copé-Fillon qui avait secoué l’UMP en 2016. En seulement 5 jours, le chef du principal parti d’opposition, Pablo Casado est sur le point de se retrouver déraciné par une tempête politico-médiatique.

Jeudi dernier, la puissante présidente de la région de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, a annoncé, lors d’une comparution publique, que son propre mouvement politique le Partido Popular (PP) tentait de la faire chanter via une affaire de commission financière. Le frère de la présidente, Tomás Ayuso, commercial dans une entreprise paramédicale, a empoché quelques dizaines de milliers d’euros d’argent public, lors du premier confinement, après que la région Madrid a acheté des masques FFP2. Une transaction qui, si elle n’est pas forcément illégale, est profondément amorale.

Un leader contesté depuis 6 mois

Pablo Casado, le chef du Partido Popular, contesté en interne depuis 6 mois par Ayuso, a tenté de se débarrasser de sa rivale avec cette affaire financière. Mais Ayuso a pris de cours la direction de son parti en révélant elle-même publiquement la commission, et convoquant dans la foulée des milliers de supporters devant le siège du PP. Pour protester contre « les méthodes de Casado ». Ce dimanche, 4000 personnes ont répondu présentes pour éreinter Pablo Casado dans la rue Genova, siège du PP à Madrid.

Face au bruit des médias conservateurs (favorables majoritairement à Ayuso) et à la fureur des militants, Pablo Casado est invité à partir la queue entre les jambes en présentant sa démission. Dans cette opération, la présidente de Madrid bénéficie du soutien complice de son homologue de Galice, l’inamovible Alberto Feijóo, élu depuis 16 ans sans discontinuer à la tête de la région océanique et de fait très puissant dans les instances du parti conservateur.

Le lien entre la droite et l’extrême-droite espagnole

Mais si Isabel Díaz Ayuso a réussi ce tour de force, de mettre le président de son propre parti quasiment sur le banc de touche, c’est parce qu’elle est la personnalité de droite la plus populaire dans le pays, des conservateurs classiques du PP jusqu’aux radicaux de Vox. Avec une politique fiscale très libérale, un questionnement des politiques sanitaires liées aux restrictions du Covid-19 et un discours très identitaire, Ayuso réussit à capter, par deux fois dans des élections à Madrid, l’électorat allant du centre-droit jusqu’à l’extrême-droite de Vox. Un triomphe électoral qui a fait de l’ombre à Pablo Casado qui n’est ni président de région, ni n’a jamais été ministre.